Sylvain Dumas, l’un des trois fondateurs, nous présente les activités de la coopérative axées autour de la réhabilitation de locaux vacants, pour y installer des activités qui ont un impact positif sur leur territoire et ses habitants.
Des locaux inexploités réhabilités en tiers-lieux
A l’initiative du projet, Valérie Dumesny, Raphael Boutin et Sylvain Dumas, 3 co-entrepreneurs ayant fait le même constat contradictoire :
- Les campagnes se dévitalisent et un commerce sur deux a mis la clé sous la porte dans les villages français.
- il existe de nombreuses initiatives citoyennes qui réinventent le commerce, les services et les lieux de vie. De nouvelles formes d’activités sont créées : épiceries, crèches, centres culturels, notamment à travers l’Économie Sociale et Solidaire dans laquelle résilience, écologie et démocratie sont de mises.
Si on reformule la problématique : il existe d’un côté pléthore de locaux vides et de l’autre un besoin avéré de lieux pour permettre l’essor de ces projets. Villages Vivants se positionne au cœur de ce paradoxe en apportant des solutions concrètes aux obstacles fonciers des porteurs de projets. En levant ces freins, des initiatives se créent et permettent à la fois de répondre à un besoin des consommateurs par l’implantation de commerces de proximité et de créer du lien en permettant aux habitants de se rencontrer.
Villages Vivants est principalement une foncière immobilière, une société qui achète des locaux vacants, les rénove en concertation avec le porteur de projet et qui les loue pour que l’accès au foncier ne soit pas un frein au développement de leur activité. Sylvain Dumas nous explique que leur modèle s’inspire de ce qui se fait dans d’autres domaines comme l’accès aux terres agricoles ou aux logements pour personnes fragiles avec des foncières immobilières sociales telles que Terre de Liens ou Habitat & Humanisme.
Nous louons ces locaux aux porteurs de projets avec plusieurs spécificités : nous établissons un loyer progressif avec une remise importante sur les premières années, et avec un loyer transparent, c’est-à-dire qu’ils ont connaissance de toutes les composantes du prix, dont les micro-marges que l’on réalise ; précise Sylvain Dumas.
Villages Vivants c’est 3 500 m2 de locaux réhabilités, 30 emplois créés et d’autres pérennisés. Depuis sa création en juin 2018, la coopérative a ouvert 4 lieux et 5 autres le seront d’ici la fin 2021.
La structure offre un accompagnement et une rénovation poussés des locaux, les finitions d’aménagements sont généralement gérées par le locataire, mais le gros œuvre, c’est Villages Vivants qui s’en occupe !
Partant de ce constat, Sylvain Dumas estime avoir désormais fini la phase de Recherche et Développement qui a duré deux ans.
Démonstration par l’exemple
L’auberge de Boffres, dans un village de 700 habitants, est un projet emblématique de Villages Vivants. De jeunes entrepreneurs ont créé une SCOP qui comprend un bar, un restaurant, un traiteur, une cave à vins et un espace de coworking.
Le lieu fonctionne très bien, car c’est un village passant, à 30 min de Valence. La proposition culinaire suffit pour amener du monde et le bar permet un accès aux divers paniers de budgets. Du chasseur au mangeur de graines, de l’ouvrière à la cheffe d’entreprise, en passant par le paysan, tout le monde s’y retrouve ; explique avec plaisir Sylvain Dumas.
L'accompagnement des collectivités et levées de fonds
La deuxième activité de la SCIC est le conseil et l’accompagnement de collectivités, afin de réhabiliter des locaux vacants, avec des activités intégrant les principes de l’ESS.
Villages Vivants a aussi pour ambition de sortir l’épargne des banques pour que particuliers et entreprises investissent dans des causes qu’ils comprennent et dont ils voient les fruits concrets. Nous faisons des levées de fonds chaque année. L'objectif est que les porteurs de projets ou les collectivités viennent chercher notre aide ; déclare Sylvain Dumas.
Enfin, Villages Vivants essaime son modèle pour qu’il se multiplie dans d’autres territoires et propose également des transferts de compétences.
Lauréat du Prix régional ESS 2021
Lauréat régional du Prix de l’ESS 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes, Villages Vivants a fait partie des 3 finalistes du concours national dans la catégorie Utilité sociale où près de 200 dossiers ont été étudiés. Même si le Prix national lui a échappé cette année, cette distinction arrive à point nommé pour la structure qui souhaite être plus visible auprès des porteurs de projets ou des collectivités qui auraient besoin de ses services.
Comment Villages Vivants s’inscrit dans l’Économie Sociale et Solidaire ?
Villages Vivants est une SCIC, une société coopérative d’intérêt collectif.
Nous allons plus loin dans nos valeurs que le cadre légal. Dans une SCIC, on peut redistribuer des dividendes, mais nous avons choisi de ne pas appliquer ce droit : 100 % des bénéfices sont mis en réserve. On applique jusqu’au bout la valeur chère de l’ESS de non-lucrativité - sachant que notre activité se situe dans le secteur de l’immobilier, considéré très capitaliste. D’autre part, notre écart de salaire est contenu entre 1 et 1,3.
Quelle est la vision du monde de demain de Villages Vivants ?
Notre vision du monde de demain serait que les espaces ruraux redeviennent des lieux idéaux pour vivre en proximité avec une économie et une société à taille humaine. Il existe une pluralité de ruralités, à chaque territoire ses spécificités. Ces villages vivants donneraient à chaque citoyen la capacité de s’engager de différentes manières dans les espaces de concertation démocratique. L’immobilier serait perçu comme un outil et non pas une finalité financière, afin de passer de la loi du marché à la valeur d’usage, et enfin reconnecter la financiarisation de l’immobilier avec l’économie réelle.
Pour aller plus loin... N’hésitez pas à vous inscrire à l’une de leurs réunions d’information : https://villagesvivants.com/inscription-reunion-information/
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